Yoga et santé mentale

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Chaque année, le 10 octobre est célébrée la Journée mondiale de la santé mentale, une initiative portée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour sensibiliser le public aux enjeux de la santé mentale et promouvoir l’accès aux soins. En 2025, le thème retenu est « Accès aux services de santé mentale en cas de catastrophes et d’urgences », mettant en lumière la nécessité de renforcer le soutien psychologique dans les contextes de crise (catastrophes naturelles, conflits armés, urgences sanitaires). En France, cette journée s’inscrit dans le cadre des Semaines d’Information sur la Santé Mentale (SISM), qui se déroulent du 6 au 19 octobre 2025 autour du thème « Pour notre santé mentale, réparons le lien social ». Ces événements rappellent l’importance des approches non médicamenteuses, comme le yoga, pour préserver le bien-être mental et favoriser la résilience individuelle et collective. À l’heure où l’isolement et le stress chronique touchent un nombre croissant de personnes, le yoga, par sa dimension à la fois physique, respiratoire et méditative, apparaît comme un outil accessible et complémentaire pour renforcer la santé mentale au quotidien et en période de crise.

Ce que dit la science

Le yoga, pratique millénaire originaire d’Inde, est aujourd’hui reconnu bien au-delà de ses frontières culturelles. Il associe postures physiques (asanas), techniques de respiration (pranayama), méditation et principes de vie, visant à harmoniser corps et esprit. Longtemps considéré comme une discipline holistique favorisant le bien-être, le yoga suscite un intérêt croissant dans le domaine de la santé mentale. Mais que disent vraiment les études scientifiques sur ses effets ? Cet article synthétise les connaissances actuelles sur l’impact du yoga sur le cerveau, le stress et les troubles anxiodépressifs, en s’appuyant sur des revues systématiques et méta-analyses récentes.

Le yoga : une pratique corps-esprit

Le yoga est une pratique « corps-esprit » (mind-body practice), au même titre que la méditation, le tai-chi ou le qi gong. Il se distingue par sa combinaison unique d’exercices physiques, de techniques de respiration et de méditation, visant à renforcer la connexion entre le corps et l’esprit. Parmi les nombreuses formes de yoga (Hatha, Kundalini, Iyengar, etc.), le Hatha yoga est le plus étudié scientifiquement. Il est souvent décrit comme une « méditation en mouvement », car il cultive la pleine conscience (mindfulness) à travers des enchaînements de postures et des moments d’attention dirigée, sans jugement ni réaction automatique.

Modifications structurelles et fonctionnelles

Plusieurs études en neuroimagerie (IRM) ont montré que la pratique régulière du yoga induit des changements dans la structure et le fonctionnement du cerveau. Les pratiquants de yoga présentent notamment :

  • Un volume accru de matière grise dans des régions clés comme le cortex préfrontal, l’insula, le cortex cingulaire et l’hippocampe, toutes impliquées dans la régulation des émotions et la mémoire.
  • Une meilleure connectivité fonctionnelle entre les réseaux neuronaux, notamment ceux liés à l’attention et à la régulation émotionnelle.
  • Une réduction de l’activité de l’amygdale, structure cérébrale associée aux émotions négatives, et une augmentation de l’activité du cortex préfrontal, impliqué dans la prise de décision et la gestion du stress.

Ces modifications suggèrent que le yoga améliore la capacité à réguler les émotions et à gérer le stress, bien que le lien direct entre ces changements cérébraux et les améliorations cognitives ou comportementales reste à préciser.

Le yoga et la réduction du stress

Le stress, réponse physiologique et psychologique à un agent stresseur, active la production de cortisol, l’hormone du stress. Les études montrent que le yoga agit sur plusieurs niveaux :

  • Réduction de la cortisolémie : une méta-analyse a révélé une diminution du taux de cortisol au réveil, dans l’après-midi et le soir chez les pratiquants de yoga, comparés à des groupes contrôles.
  • Amélioration de la variabilité cardiaque et diminution de la fréquence cardiaque au repos, signes d’une meilleure régulation du système nerveux autonome.
  • Diminution du stress perçu : les interventions de yoga (en moyenne 2 à 3 séances de 60 à 70 minutes par semaine pendant 8 à 11 semaines) réduisent significativement le stress ressenti, aussi bien dans la population générale qu’en milieu professionnel.

Ces effets sont attribués à la synergie entre les postures (asanas) et les techniques de méditation et de respiration, plus efficaces que la méditation ou l’activité physique seules.

Yoga et symptômes anxio-dépressifs

Les troubles anxieux et dépressifs sont souvent associés à un dysfonctionnement des régions cérébrales impliquées dans la régulation des émotions. Les revues systématiques indiquent que le yoga :

  • Réduit les symptômes d’anxiété et de dépression chez les adultes, les enfants, les adolescents, les femmes enceintes et les personnes atteintes de cancer.
  • Améliore la qualité de vie des personnes souffrant de troubles psychiatriques variés, y compris le syndrome de stress post-traumatique.

Les protocoles les plus efficaces incluent généralement 2 à 3 séances de 60 à 70 minutes par semaine, pendant 8 à 12 semaines. Le Hatha yoga est le plus utilisé dans ces études, mais d’autres formes (Kundalini, Kripalu, Vinyasa) montrent également des bénéfices.

Mécanismes d’action proposés

Les effets positifs du yoga sur la santé mentale pourraient s’expliquer par :

  1. L’activation du système parasympathique, favorisant la relaxation et réduisant l’activité du système nerveux sympathique (responsable de la réponse au stress).
  2. La stimulation de la neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau à se réorganiser et à s’adapter, notamment dans les zones liées à la régulation émotionnelle.
  3. L’amélioration de la conscience de soi et de la pleine conscience, permettant une meilleure gestion des pensées et émotions négatives.

Conclusion

Le yoga, par sa combinaison unique d’exercices physiques, de respiration et de méditation, offre une approche non médicamenteuse prometteuse pour la gestion du stress et des symptômes anxiodépressifs. Les données scientifiques actuelles confirment ses bienfaits sur le cerveau et la santé mentale, tout en appelant à des recherches complémentaires pour affiner ses applications thérapeutiques. Intégrer le yoga dans une hygiène de vie globale pourrait ainsi constituer un levier précieux pour préserver et améliorer le bien-être mental.

Pour aller plus loin : Consultez l’article de La Revue du Praticien sur les effets du yoga sur la santé mentale

Les « DYS » et le yoga

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Les troubles « DYS » (dyslexie, dysorthographie, dysphasie, dyscalculie, dyspraxie, TDAH, etc.) touchent les apprentissages et la coordination chez l’enfant comme chez l’adulte. Le yoga thérapeutique peut apporter un soutien complémentaire en agissant sur plusieurs plans : la concentration, la gestion du stress, la coordination motrice, la conscience corporelle et la régulation émotionnelle. Voici des pistes concrètes et adaptées, inspirées des approches corps-esprit et validées par des pratiques en yoga-thérapie et en psychomotricité.

Bénéfices du yoga thérapeutique pour les troubles DYS

  • Amélioration de la concentration et de l’attention : Les postures (asanas), la respiration (pranayama) et la méditation aident à calmer le mental et à améliorer la focalisation, ce qui est particulièrement utile pour le TDAH et les troubles de l’attention.
  • Régulation du stress et de l’anxiété : Les techniques de respiration et de relaxation réduisent l’anxiété souvent associée aux difficultés d’apprentissage.
  • Développement de la conscience corporelle et de la motricité : Le yoga favorise la proprioception (perception du corps dans l’espace), essentielle pour les enfants dyspraxiques ou présentant des troubles de la coordination.
  • Stimulation des deux hémisphères cérébraux : Les mouvements croisés (comme la marche du crabe ou les postures asymétriques) activent la communication entre les hémisphères, utile pour la dyslexie et la dyscalculie.
  • Renforcement de la confiance en soi : Le yoga, par son approche non compétitive, permet de vivre des réussites et de mieux gérer les frustrations.

Pratiques de yoga thérapeutique adaptées

Pour la concentration et la gestion du stress
  • Respiration alternée (Nadi Shodhana) : Équilibre les hémisphères cérébraux, calme l’agitation mentale.
  • Postures d’ancrage : La posture de l’arbre (Vrksasana), la posture de la montagne (Tadasana) ou celle du guerrier (Virabhadrasana) aident à stabiliser l’attention et à améliorer l’équilibre.
  • Méditation courte et guidée : Utiliser des visualisations ou des mantras simples pour recentrer l’esprit.
Pour la motricité fine et globale
  • Enchaînements fluides : Les salutations au soleil (Surya Namaskar) adaptées, réalisées lentement, améliorent la coordination et la planification motrice.
  • Yoga des doigts (Mudras) : Stimule les connexions neuronales et peut soutenir la motricité fine (ex. : Gyan Mudra pour la concentration).
  • Exercices de latéralisation : Mouvements croisés (toucher le genou opposé avec le coude, etc.) pour renforcer la communication inter-hémisphérique.
Pour la régulation émotionnelle
  • Respiration du lion (Simhasana) : Libère les tensions et les émotions bloquées.
  • Postures d’ouverture du cœur : Comme le cobra (Bhujangasana) ou le chien tête en bas (Adho Mukha Svanasana), pour réduire le stress et ouvrir la cage thoracique.
Pour la dyspraxie et la coordination
  • Yoga sur chaise ou avec supports : Utiliser des ballons, des coussins ou des élastiques pour travailler l’équilibre et la motricité en douceur.
  • Jeux de miroir : Imiter les postures d’un partenaire pour développer la conscience corporelle et la coordination.
Adaptations spécifiques selon le trouble
Trouble DYSApproches yoga thérapeutique recommandées
DyscalculieJeux de rythme (taper des mains, frapper dans les mains en comptant), postures nécessitant une organisation spatiale (ex. : triangle).
Dyslexie/DysorthographieRespiration alternée, postures asymétriques, chant de mantras (pour la conscience phonologique).
DysphasieTravail sur la respiration diaphragmatique, sons et vibrations (chant de « OM », bourdons).
DyspraxieYoga lent avec focus sur l’alignement, utilisation de supports visuels (cartes de postures), enchaînements simples et répétitifs.
TDAHSéances courtes (15-20 min), intégration de mouvements dynamiques (sauts, équilibres) pour canaliser l’énergie.

Études et retours d’expérience

Des études montrent que le yoga améliore significativement l’attention, la motricité et la régulation émotionnelle chez les enfants avec troubles DYS. Par exemple, une étude publiée dans le Journal of Attention Disorders (2016) a révélé que le yoga réduisait les symptômes d’hyperactivité et d’inattention chez les enfants atteints de TDAH.

Ressources utiles
  • Livres : « Le Yoga pour les enfants extraordinaires » de Louise Goldberg, « Yoga et troubles des apprentissages » (éditions Le Souffle d’Or).
  • Fédération Française des DYS

Les Nadis, canaux d’énergie vitale

Dans la tradition yogique, le corps humain est traversé par un réseau invisible de canaux énergétiques appelés Nadis (du sanskrit nadi, « tube » ou « flux »). Ces voies subtiles transportent le prana (énergie vitale) et relient le corps physique au corps énergétique. Comprendre et équilibrer les Nadis est au cœur du yoga et de la yoga-thérapie, offrant des clés pour la santé physique, mentale et spirituelle. Cet article explore leur rôle, leur fonctionnement, et des pratiques pour les harmoniser.

Les Nadis sont des canaux énergétiques décrits dans les textes anciens comme les Upanishads et le Hatha Yoga Pradipika. Selon le yoga, il existerait 72 000 Nadis, mais trois sont considérés comme principaux :

  • Ida (canal lunaire, gauche) : Associé à l’énergie féminine, à la fraîcheur et à l’intuition.
  • Pingala (canal solaire, droit) : Lié à l’énergie masculine, à la chaleur et à l’action.
  • Sushumna (canal central) : Voie de l’éveil spirituel, située le long de la colonne vertébrale, où circule la Kundalini(énergie latente).

Ces canaux partent de la base de la colonne vertébrale (Muladhara Chakra) et se rejoignent au troisième œil (Ajna Chakra), influençant tous les aspects de notre être.

Rôle des Nadis dans la Santé et l’Équilibre

Physiologie subtile

  • Les Nadis ne sont pas des structures anatomiques, mais des voies par lesquelles circule le prana, vitalisant les organes, les glandes et les chakras.

Les Nadis et les systèmes nerveux et cardiovasculaire

Les Nadis, bien que subtils, entretiennent une relation profonde avec les systèmes nerveux et cardiovasculaire, offrant une clé pour comprendre comment le yoga et la yoga-thérapie agissent sur la physiologie humaine.

  • Système nerveux : Les Nadis Ida et Pingala sont souvent associés aux deux hémisphères cérébraux et aux divisions du système nerveux autonome. Ida, lié à la narine gauche, correspond au système nerveux parasympathique, responsable de la détente, de la digestion et de la récupération. À l’inverse, Pingala, lié à la narine droite, est associé au système nerveux sympathique, qui active les réponses de combat ou de fuite. Lorsqu’un déséquilibre se manifeste (ex. : stress chronique, anxiété), le yoga-thérapie utilise des techniques comme la respiration alternée (Nadi Shodhana) pour rééquilibrer ces deux canaux, favorisant ainsi un état de calme et de résilience. Des études en neurosciences montrent que cette pratique réduit l’activité de l’amygdale (siège de la peur) et active le nerf vague, améliorant la régulation émotionnelle et la réponse au stress.Sushumna, le canal central, est quant à lui lié à l’équilibre des deux systèmes. Son activation, via des pratiques comme la méditation ou les postures axées sur la colonne vertébrale, favorise une cohérence cardiaque et une synchronisation des hémisphères cérébraux, ce qui se traduit par une meilleure clarté mentale et une réduction des tensions nerveuses.
  • Système cardiovasculaire : Le prana circulant dans les Nadis influence directement le rythme cardiaque et la pression artérielle. Une étude publiée dans Frontiers in Human Neuroscience (2018) a démontré que les pratiques de pranayama, comme Nadi Shodhana ou Bhramari, améliorent la variabilité cardiaque (VRC), un marqueur clé de la santé cardiovasculaire et de la capacité d’adaptation au stress. Une VRC élevée est associée à un cœur plus résilient et à un risque réduit de maladies cardiovasculaires. En équilibrant les Nadis, le yoga-thérapie aide à réguler la fréquence cardiaque, à abaisser la pression artérielle et à réduire l’inflammation des vaisseaux sanguins, contribuant ainsi à une meilleure santé globale.
    Exemple : Une personne souffrant d’hypertension ou de palpitations peut bénéficier d’une pratique régulière de respiration lunaire (Chandra Bhedana) pour activer Ida et apaiser le système nerveux, ou de postures restauratrices (comme Supta Baddha Konasana) pour stimuler le nerf vague et ralentir le rythme cardiaque. Ces techniques, combinées à une alimentation anti-inflammatoire (riche en oméga-3 et en magnésium), potentialisent les effets sur la santé cardiovasculaire.

Les Nadis et la Yoga-Thérapie

La yoga-thérapie utilise des techniques spécifiques pour purifier et équilibrer les Nadis, adaptées aux besoins individuels (ex. : gestion du stress, douleurs chroniques, troubles du sommeil).

Nadi DéséquilibréSymptômes PhysiquesSymptômes Émotionnels/Mentaux
IdaFrilosité, digestion lenteDépression, manque de motivation
PingalaHypertension, insomnieAnxiété, irritabilité
SushumnaRaideurs vertébralesManque de concentration, confusion

Les Nadis et les Chakras

Les Nadis nourrissent les chakras (centres énergétiques) :

  • Muladhara (racine) : Point de départ des trois Nadis.
  • Ajna (troisième œil) : Lieu de leur convergence, associé à l’intuition et à la sagesse.
  • Un blocage dans Ida peut affecter Svadhisthana (chakra sacré), entraînant des troubles créatifs ou émotionnels.

Nadis et Santé Moderne : Ce que Dit la Science

  • Études sur le pranayama : Des recherches montrent que la respiration alternée réduit le cortisol (hormone du stress) et améliore la variabilité cardiaque, confirmant son impact sur le système nerveux autonome.
  • Neurosciences : La méditation sur les Nadis active le cortex préfrontal, lié à la régulation émotionnelle (étude : Frontiers in Human Neuroscience, 2018).

Adaptations thérapeutiques

  • Pour l’anxiété : Accent sur Pingala (respiration solaire) + postures dynamiques.
  • Pour la fatigue : Focus sur Ida (respiration lunaire) + postures restauratrices.

Respiration (Pranayama)

  • Nadi Shodhana (Respiration Alternée) :
    • Technique : Inspirer par la narine gauche (Ida), expirer par la droite (Pingala), puis inverser.
    • Bénéfices : Équilibre les hémisphères cérébraux, réduit le stress, clarifie l’esprit.
    • Application en yoga-thérapie : Recommandé pour les troubles anxieux ou la fatigue chronique.
  • Bhramari (Souffle de l’Abeille) :
    • Produire un bourdonnement en expirant, vibrant dans la gorge et la tête.
    • Effet : Apaise le système nerveux et active Sushumna.

Postures (Asanas)

  • Postures symétriques (ex. : TadasanaVrksasana) : Harmonisent Ida et Pingala.
  • Torsions (ex. : Ardha Matsyendrasana) : Stimulent Sushumna et déblocent les tensions vertébrales.
  • Inversions (ex. : Sarvangasana) : Favorisent la circulation du prana vers le haut.

Méditation et visualisation

  • Méditation sur les Nadis :
    • Visualiser une lumière montant le long de Sushumna, de la base de la colonne au sommet du crâne.
    • Effet : Active la Kundalini et renforce la connexion corps-esprit.
  • Mantras :
    • Répéter « Om » ou « So Ham » (je suis Cela) pour unifier les énergies.

Mudras (gestes énergétiques)

  • Chin Mudra (pouce-index) : Équilibre Ida et Pingala.
  • Shambhavi Mudra (regard vers le troisième œil) : Active Sushumna.

Précautions et Contre-Indications

  • Débutants : Commencer par des respirations douces (ex. : respiration abdominale) avant Nadi Shodhana.
  • Problèmes cardiaques : Éviter les rétentions de souffle prolongées.
  • Grossesse : Privilégier les postures douces et éviter les rétentions.

Ressources

  • « Les Nadis et le Yoga » de Swami Satyananda Saraswati.
  • « Anatomie du Yoga » de Leslie Kaminoff (pour les liens anatomiques).

Les Nadis sont bien plus que des concepts philosophiques : ce sont des outils concrets pour transformer sa santé et sa conscience. En intégrant des pratiques de respiration, de postures et de méditation, le yoga et la yoga-thérapie offrent une voie pour rééquilibrer l’énergie vitale, apaiser le mental et éveiller son potentiel intérieur.

Références :  Frontiers in Human Neuroscience, « Effects of Yoga on the Autonomic Nervous System », 2018. 
« Yoga and Heart Rate Variability: A Comprehensive Review », 2018.
Hatha Yoga Pradipika, Swami Svatmarama (XVe siècle).

Humeur : le rôle du Yoga

Photo : Josh Hild @pexels.com

Comprendre les acteurs clés : Les neurotransmetteurs
Les neurotransmetteurs sont des molécules informationnelles synthétisées et stockées dans les neurones, puis libérées dans la fente synaptique pour communiquer avec d’autres neurones. Leur équilibre est crucial pour notre bien-être. Voici quelques-uns des principaux et leur impact sur notre humeur :

  • Dopamine : Le « Starter » de la Joie et de la Motivation La dopamine est un neuromodulateur fondamental pour la motivation, l’initiative, la vigilance, l’apprentissage et la recherche du plaisir. C’est elle qui est responsable de la sensation agréable et qui nous pousse à l’action. Un manque de dopamine peut entraîner fatigue, apathie et une diminution des projets et des envies. Sa synthèse se fait à partir de la tyrosine, un acide aminé que l’on trouve dans les protéines alimentaires. La dopamine favorise également la connexion entre le noyau accumbens, l’hippocampe et l’amygdale, des structures clés du système limbique impliquées dans les émotions et la mémoire. Des déséquilibres, comme un excès de dopamine, peuvent être associés à des troubles tels que la schizophrénie ou les troubles bipolaires, tandis qu’une dopamine équilibrée maintient la motivation et favorise l’apprentissage, permettant de ressentir des émotions et de tomber amoureux.
  • Sérotonine : La Sérénité et le Lâcher-Prise Souvent appelée le « grand inhibiteur », la sérotonine est le neurotransmetteur de la sérénité, du bien-être et du lâcher-prise. Elle joue un rôle dans l’appétit, la coagulation, le sommeil et la sensibilité à la douleur. Des taux bas de sérotonine peuvent conduire à des comportements impulsifs, de l’irritabilité et des compulsions (notamment sucrées ou grasses en fin de journée), ainsi que des difficultés d’endormissement, car elle est un précurseur de la mélatonine, l’hormone du sommeil. À l’inverse, des taux élevés favorisent le calme et la réflexion. 90% de la sérotonine est synthétisée dans l’intestin. Sa production, qui a lieu principalement en fin de journée (vers 17h-18h), dépend du tryptophane, un acide aminé essentiel. Le stress (cortisol) et l’inflammation peuvent diminuer la concentration de tryptophane disponible, le détournant vers d’autres voies et pouvant entraîner anxiété et nervosité.
  • Acétylcholine (AC) : Mémoire et Éveil L’acétylcholine est un messager de la mémoire, de l’éveil et de l’attention. Elle est également impliquée dans la colère, l’agressivité et la soif. L’acétylcholine est le neurotransmetteur du nerf vague et joue un rôle anti-inflammatoire en inhibant la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires.
  • Noradrénaline et Adrénaline : La Réponse au Stress Ces catécholamines stimulantes font partie du circuit de la récompense et sont libérées en cas de peur ou de stress. Elles préparent le corps à l’action (« fuir, se battre ou sidération ») en augmentant la fréquence cardiaque, la respiration, la pâleur et la sudation.
  • GABA : Le Relaxant Cérébral Le GABA (Gamma Amino-Butyrique) est le neurotransmetteur « relaxant » le plus répandu dans le cerveau. Il évite l’emballement, gère la vitesse et le rythme des transmissions neuronales, et joue un rôle dans le contrôle de l’anxiété, favorisant le calme et la relaxation. Le yoga a été démontré pour augmenter les niveaux de GABA dans le cerveau de 27% lors d’une séance.
  • Glutamate : L’Accélérateur de l’Apprentissage Le glutamate est le neurotransmetteur excitateur « majeur » du cerveau, facilitant et accélérant la communication des cellules nerveuses. Il est essentiel pour l’apprentissage, la mémoire et la neuroplasticité. C’est aussi un précurseur du GABA, soulignant l’équilibre nécessaire entre ces deux neurotransmetteurs.
  • Endorphines et Enképhalines : Les Anti-Douleurs Naturels Les endorphines et les enképhalines sont des opioïdes endogènes libérés par l’exercice physique, procurant des sensations agréables et modulant la douleur. La tristesse, par exemple, correspond chimiquement à une diminution des enképhalines amygdaliennes.

Le rôle du Yoga dans la modulation de l’humeur
Le yoga, grâce à ses différentes pratiques, influence ces neurotransmetteurs et modules l’humeur par plusieurs mécanismes:

  1. Les Postures (Asanas) : La mise en mouvement du corps par les postures stimule la sécrétion de dopamine, d’endorphines et de sérotonine, procurant une sensation agréable et renforçant la confiance. Cela crée un « renforcement positif » qui encourage la personne à recommencer, brisant ainsi les cercles vicieux. Les postures aident à éloigner les préoccupations de l’esprit en les ramenant au corps, et à reconnaître l’expression corporelle des émotions sans se laisser submerger, cultivant la distanciation et l’équanimité.
  2. Les Respirations (Pranayama) : Le contrôle du souffle est un puissant outil pour équilibrer le système nerveux autonome (SNA), favorisant le système parasympathique (repos et digestion) et apaisant le système sympathique (action).
    • Techniques spécifiques : La respiration alternée (Nadi Sodhana Pranayama) réduit spontanément le débit d’air, allongeant l’inspiration et l’expiration, et induisant une tranquillité propice à la méditation. Le souffle victorieux (Ujjayi) et le nettoyage du crâne (Kapalabhati) sont d’autres techniques qui impactent l’équilibre du SNA et la réduction du stress.
    • Effets physiologiques : Le pranayama diminue le stress (réduction du cortisol), abaisse la pression artérielle, améliore l’utilisation de l’oxygène par les cellules et réduit les radicaux libres (stress oxydatif). Il peut également moduler les émotions.
  3. La Méditation et la Relaxation : Ces pratiques augmentent l’intéroception (perception des sensations internes du corps) et l’activité du cortex préfrontal gauche, ce qui améliore l’humeur et le sentiment de joie. Elles favorisent des états de conscience caractérisés par les ondes alpha (détente consciente) et thêta (Yoga Nidra, créativité, intuition), et même delta (sommeil profond, relaxation très profonde). La méditation permet d’observer les pensées, de cultiver la patience et de renforcer la confiance en soi. Elle augmente le tonus vagal (parasympathique) et module la sécrétion de dopamine, endorphines, sérotonine et ocytocine.
  4. Les Bandhas : Ces contractions musculaires volontaires (Jalandhara à la gorge, Uddiyana à l’abdomen, Mula au périnée), associées aux suspensions de souffle, ont un effet de détente en diminuant la fréquence cardiaque et en stimulant le système parasympathique, notamment le nerf vague.
  5. Neuroplasticité et Facteur de Croissance Nerveuse (NGF) : Les pratiques de yoga, même brèves (20 minutes), peuvent augmenter significativement le NGF, une protéine essentielle à la survie et au développement des cellules nerveuses, et qui joue un rôle crucial dans la neuroplasticité et la capacité d’apprentissage.

L’indispensable soutien de l’alimentation
Pour que notre corps puisse synthétiser efficacement ces neurotransmetteurs, une alimentation équilibrée est primordiale, car elle fournit les précurseurs nécessaires.

  • Assurer un apport suffisant en protéines pour la tyrosine (précurseur de la dopamine) et le tryptophane (précurseur de la sérotonine).
  • Consommer des acides gras essentiels comme les Oméga-3, qui assurent la fluidité et la déformabilité des membranes cellulaires, indispensables à la communication neuronale. Le stress oxydatif, cependant, peut oxyder ces lipides, rendant les Oméga-3 inutilisables.
  • Veiller à un apport adéquat en magnésium, crucial pour la synthèse de la mélatonine et pour rompre le cercle vicieux du stress, dont la carence est courante.
  • Intégrer des polyphénols et antioxydants pour se protéger du stress oxydatif, phénomène délétère pour la santé et impliqué dans de nombreuses pathologies chroniques.

Le yoga thérapeutique offre une approche holistique et intégrative pour moduler l’humeur et favoriser un équilibre neurologique optimal. En agissant sur le corps (postures), le souffle (pranayama) et l’esprit (méditation, relaxation), le yoga soutient la production et la régulation des neurotransmetteurs essentiels à notre bien-être mental et émotionnel.
Couplé à une alimentation variée et équilibrée qui fournit les « briques » nécessaires, il permet de renforcer la boucle continue « corps-esprit », cultivant ainsi une meilleure capacité à percevoir la joie et à gérer les perceptions du spectre émotionnel. C’est un chemin vers une conscience accrue et une harmonie intérieure durable.

« Le yoga thérapeutique accompagne et soutient les processus de santé, en complément des traitements médicaux, sans jamais les remplacer. »

Le Yoga pour Soulager la Douleur Chronique

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La douleur est une sensation perçue par le cerveau, mais son ressenti est intimement lié à l’équilibre de notre système nerveux autonome (SNA), qui gère les fonctions involontaires du corps. Ce système est divisé en deux branches : le sympathique (action, stress) et le parasympathique (repos, digestion). Un déséquilibre, souvent en faveur du sympathique dû au stress chronique, peut intensifier la perception de la douleur et de l’anxiété.
Les émotions jouent un rôle crucial. La peur, par exemple, déclenche une décharge adrénergique qui prépare le corps à la survie (fuite ou combat), augmentant la fréquence cardiaque et bloquant la respiration. La tristesse, quant à elle, est chimiquement liée à une diminution des enképhalines amygdaliennes, des opioïdes naturels qui modulent la douleur. Le cerveau possède des « circuits de la peur » où l’amygdale est centrale, et le cortex préfrontal aide à réprimer l’aversion et à contrôler consciemment les émotions. Le yoga propose de reconnaître ces expressions corporelles des émotions sans se laisser envahir, cultivant ainsi la distanciation et l’équanimité.

Le yoga thérapeutique utilise une combinaison de postures (asanas), de respirations (pranayama), de méditation et de relaxation, ainsi que des bandhas et l’attention à l’alimentation pour influencer positivement la « matrice de la douleur » et les neurotransmetteurs impliqués.

  1. Les Postures (Asanas) : Mouvement et Ancrage Les postures de yoga agissent localement et globalement. Elles améliorent la souplesse, la mobilité et l’étirement musculo-squelettique, tout en permettant l’auto-massage et l’auto-étirement, ce qui peut réduire les processus inflammatoires. Elles favorisent la proprioception, c’est-à-dire la conscience de la position du corps dans l’espace, offrant un socle de résistance et de sécurité. Sur le plan émotionnel, les asanas contribuent à un reconditionnement à l’effort et à une prise de confiance, brisant les cercles vicieux. Physiologiquement, la mise en mouvement par les postures stimule la sécrétion de dopamine(plaisir, motivation) et d’endorphines et d’enképhalines (anti-douleurs naturels), procurant une sensation agréable. Cela crée un « renforcement positif » qui encourage la répétition de la pratique. Les mouvements et étirements doux sont également bénéfiques pour le réseau des fascias, ces tissus conjonctifs qui traversent tout le corps et influencent la douleur.
  2. Les Respirations (Pranayama) : Maîtriser le Souffle pour Apaiser le Système Nerveux Le contrôle du souffle est un outil puissant pour équilibrer le SNA, favorisant le système parasympathique et apaisant le système sympathique. Des études démontrent que le pranayama réduit le stress (diminution du cortisol), abaisse la pression artérielle, améliore l’utilisation de l’oxygène par les cellules et réduit les radicaux libres (stress oxydatif). La respiration yogique diminue la fréquence respiratoire et peut même moduler les émotions. Des techniques comme la respiration alternée (Anulom Vilom ou Eka Nadi Sodhana Pranayama) réduisent le débit d’air et allongent naturellement l’inspiration et l’expiration, induisant une tranquillité propice à la méditation. Le soupir cyclique (5 min/jour) a été montré pour réduire le stress et améliorer l’humeur. Le nerf vague, dont l’acétylcholine est le neurotransmetteur clé, joue un grand rôle anti-inflammatoire en inhibant la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires. Le pranayama stimule le parasympathique via ce nerf.
  3. La Méditation et la Relaxation : Conscience et Détachement Ces pratiques, souvent confondues avec le Yoga Nidra, augmentent l’intéroception (perception des sensations internes du corps). Elles augmentent l’activité du cortex préfrontal gauche, ce qui est associé à une amélioration de l’humeur et du sentiment de joie. La méditation et la relaxation favorisent des états de conscience caractérisés par les ondes alpha (détente consciente) et thêta(rêve, créativité, intuition, Yoga Nidra), et même delta (sommeil profond, relaxation très profonde). Elles permettent d’observer les pensées sans s’y attacher, de cultiver la patience et de renforcer la confiance en soi. La méditation augmente le tonus vagal et module la sécrétion de neurotransmetteurs comme la dopamine, les endorphines, la sérotonine et l’ocytocine, contribuant à réduire le stress et l’anxiété. De plus, la méditation, comme d’autres pratiques de yoga, peut influencer l’épigénétique (modifications de l’expression des gènes sans altération de la séquence d’ADN), qui est réversible.
  4. Les Bandhas : Ligatures Énergétiques Ces contractions musculaires volontaires (Jalandhara à la gorge, Uddiyana à l’abdomen, Mula au périnée), associées aux suspensions de souffle, ont un effet de détente en diminuant la fréquence cardiaque et en stimulant le système parasympathique, notamment le nerf vague.
  5. Neuroplasticité et NGF : Réparer et Apprendre Les pratiques de yoga, même brèves (20 minutes), peuvent augmenter significativement le Facteur de Croissance Nerveuse (NGF), une protéine essentielle à la survie et au développement des cellules nerveuses. Le NGF joue un rôle crucial dans la neuroplasticité (capacité du cerveau à se modifier en formant de nouvelles connexions neuronales) et la capacité d’apprentissage, ce qui est fondamental dans la gestion de la douleur chronique.
  6. Sons et Mantras : Vibration et Harmonie L’utilisation de sons, de musiques ou de mantras (comme OM ou SO HAM) est un outil additionnel en yogathérapie. Les sons en Sanskrit sont considérés comme des vibrations ayant une influence sur la physiologie et peuvent aider à traverser les limitations du mental, favorisant une attitude non mentale.

L’indispensable soutien de l’alimentation
Pour que le corps puisse synthétiser efficacement les neurotransmetteurs et maintenir un état anti-inflammatoire, une alimentation équilibrée est primordiale.

Un chemin vers le bien-être durable
Le yoga thérapeutique, en intégrant le mouvement, la respiration et la méditation, offre une approche complète pour moduler la douleur chronique et favoriser un équilibre neurologique optimal. En agissant sur la sécrétion des neurotransmetteurs, en équilibrant le système nerveux autonome, et en renforçant la capacité du cerveau à se remodeler (neuroplasticité), le yoga ne se contente pas de soulager les symptômes, il vise à rétablir une harmonie profonde entre le corps et l’esprit. Couplé à une alimentation fonctionnelle qui fournit les « briques » nécessaires à ces processus biochimiques, il permet d’accroître la capacité à percevoir la joie et à gérer les perceptions du spectre émotionnel, transformant ainsi l’expérience de la douleur en un chemin vers une conscience accrue et un bien-être durable.

La symphonie des sens


Photo de Polina @pexels.com

La Proprioception : Le Sens de Soi en Mouvement et Ancrage
La proprioception est notre sensation ou sensibilité profonde, nous informant de la position de notre corps dans l’espace, de son tonus musculaire, de ses déplacements, de son mouvement et de son équilibre. Elle englobe la connaissance de la position des segments de notre corps, l’équilibre, ainsi que l’état de nos tendons, articulations et fascias.
Les fascias, ce réseau tridimensionnel de tissus conjonctifs qui traverse l’intégralité du corps, sont considérés comme un grand organe sensoriel. Ils sont riches en capteurs sensoriels, incluant des nocicepteurs (douleur), des propriocepteurs, des mécanorécepteurs (pression, traction, vibration), des chimiorécepteurs (inflammation), et des thermorécepteurs (chaleur/froid). Le manque d’exercice peut entraîner l’agglutination des fascias.
Dans la pratique du yoga, les postures (asanas) mobilisent activement la proprioception. Les postures debout et les équilibres simples, par les pressions et la proprioception, offrent un socle de résistance et de sécurité au corps. La marche elle-même, un processus complexe nécessitant la quasi-totalité de nos muscles et structures cérébrales, fait appel à cette proprioception fine pour l’équilibre et l’ajustement constant. Les mouvements et étirements doux du yoga sont bénéfiques pour le réseau des fascias, qu’ils stimulent et rééquilibrent.

L’Intéroception : L’Écoute du Monde Intérieur
L’intéroception est la perception des sensations internes de notre corps, telles que les battements du cœur, les mouvements de nos viscères, ou la chaleur. Cette conscience interne est intimement liée à nos humeurs et émotions.
Les pratiques de méditation et de relaxation en yoga augmentent l’intéroception. Elles permettent d’accéder à des états de conscience caractérisés par des ondes cérébrales alpha (détente consciente, rêverie) et thêta (rêve, créativité, intuition, associées au Yoga Nidra). Le pranayama (techniques respiratoires) renforce également l’intéroception. En cultivant cette écoute intérieure, le yoga permet de mieux gérer les perceptions du spectre émotionnel et d’accroître la capacité à percevoir la joie.

La Symphonie des Autres Sens en Yogathérapie
Notre vie est en permanence sensorielle, et chaque perception est une conscience. Le cerveau ne perçoit pas directement le monde extérieur, mais il est informé par nos sensations et perceptions. Il interprète ces informations parcellaires en les mélangeant avec nos expériences antérieures. La yogathérapie utilise tous les sens comme des « portes » pour une écoute multidimensionnelle.

  • La Vue : La vue reçoit des ondes lumineuses. Elle est essentielle au mécanisme de l’équilibre, travaillant en synergie avec l’oreille interne et le système musculaire pour ajuster notre posture.
  • L’Audition : L’ouïe est une mécano-réception. Elle est également cruciale pour l’équilibre, via l’appareil vestibulaire de l’oreille interne, qui détecte les mouvements de la tête et informe le cervelet de la position du corps dans l’espace. En yogathérapie, les sons, musiques et mantras (comme OM ou SO HAM) sont des outils additionnels, considérés comme des vibrations influençant la physiologie et aidant à dépasser les limitations du mental. Le bourdonnement (brahmi), les gargarismes et le chant peuvent provoquer des vibrations qui stimulent le nerf vague.
  • L’Odorat : L’odorat est une chimio-réception. Ses terminaisons nerveuses sont directement connectées à notre rhinencéphale, le « cerveau primitif » lié à l’instinct et à l’intuition. Respirer par le nez, en vivant le frottement de l’air, stimule le système limbique, invitant à une expérience intérieure riche qui engage les consciences tactile, olfactive et sonore. Le bulbe olfactif est une structure cérébrale où de nouveaux neurones sont générés en permanence (neurogenèse), un processus modulé par l’apprentissage et les expériences sensorielles telles que l’odeur et la circulation d’air (reniflement). Le goût et l’odorat fonctionnent en synergie, notamment par la rétro-olfaction.
  • Le Goût : Principal organe de la gustation, la langue est sensible à la fois chimiquement et mécaniquement. Elle transmet les informations via les nerfs faciaux, glosso-pharyngiens, et le nerf vague jusqu’au cerveau.
  • Le Toucher (Tact) : La peau, le plus grand organe du corps, est sensible au toucher, à la pression, à la vibration, à la douleur, à la chaleur et au froid. Le toucher est essentiel au développement et à la survie, étant le premier sens à se développer chez le fœtus. La perception tactile est influencée par le mouvement du corps, impliquant la proprioception. En yogathérapie, le toucher, qu’il soit pratiqué par un tiers ou par auto-massage, peut aider à prendre conscience des zones de tension, à libérer des émotions et à retrouver une connexion avec l’intégralité du corps.
  • La Nociception (Douleur) : C’est le sens de la douleur. Les fascias, présents dans tout le corps, contiennent des nocicepteurs. Le yoga agit sur la « matrice de la douleur » et module la sécrétion de substances algogènes (génératrices de douleur). Il est primordial que la pratique du yoga ne provoque jamais plus de douleur qu’une douleur déjà connue pour un individu.
  • La Thermoception : C’est la capacité à percevoir la chaleur et le froid. Les fascias contiennent des thermorécepteurs.
  • La Somesthésie : C’est la sensibilité globale du corps, englobant la nociception et la proprioception. Elle inclut des sensations de chaleur, douleur, pression, ainsi que la kinesthésie (sens du mouvement), la pallesthésie (sens vibratoire) et la dynamesthésie (sens de la force).
  • La Magnétoception : Ce sens est mentionné comme un résidu chez l’homme.

4. L’Influence du Yoga sur le Cerveau et le Système Nerveux
Le cerveau, avec ses 100 milliards de neurones et un million de milliards de connexions, traite les informations sensorielles, contrôle les mouvements et gère les fonctions cognitives. Il n’est pas passif dans l’analyse des perceptions, mais projette des hypothèses et anticipe, créant une réalité conditionnée par nos expériences et notre culture.
Le yoga, par ses pratiques régulières, peut entraîner le cerveau à une neuroplasticité et neurogenèse accrues, c’est-à-dire sa capacité à se modifier en formant de nouvelles connexions neuronales et à produire de nouveaux neurones. Une étude a montré que seulement 20 minutes de yoga peuvent augmenter le Facteur de Croissance Nerveuse (NGF), une protéine essentielle à la survie et au développement des cellules nerveuses, cruciale pour la neuroplasticité et l’apprentissage.
En yogathérapie, les postures stimulent la sécrétion de neuromédiateurs comme la dopamine (plaisir, motivation), les endorphines, la sérotonine (calme, réflexion) et l’acétylcholine. La respiration yogique (pranayama) est un outil puissant pour équilibrer le système nerveux autonome (SNA), réduisant le stress (diminution du cortisol), la pression artérielle et les radicaux libres. Elle favorise le système parasympathique, notamment via le nerf vague, dont l’acétylcholine joue un rôle anti-inflammatoire en inhibant les cytokines pro-inflammatoires. Des techniques comme la respiration alternée (Anulom Vilom) réduisent le débit d’air et allongent naturellement l’inspiration et l’expiration, induisant une tranquillité propice à la méditation. Le soupir cyclique a montré une réduction du stress et une amélioration de l’humeur.
La méditation et la relaxation augmentent l’intéroception et l’activité du cortex préfrontal gauche, associées à une amélioration de l’humeur et du sentiment de joie. Ces pratiques favorisent des états de conscience caractérisés par les ondes alpha (détente consciente) et thêta (rêve, créativité, intuition). Elles permettent d’observer les pensées sans s’y attacher, de cultiver la patience et de renforcer la confiance en soi.

Conclusion
Le yoga thérapeutique, en invitant à une écoute consciente et raffinée de toutes les sensations corporelles – qu’elles proviennent de la proprioception, de l’intéroception, ou des cinq sens traditionnels et au-delà – offre un chemin pour influencer positivement notre système nerveux, moduler notre perception de la douleur et transformer notre expérience émotionnelle. En agissant sur la neuroplasticité du cerveau, l’équilibre du système nerveux autonome et la sécrétion de neuromédiateurs, le yoga ne se limite pas à soulager les symptômes, il vise à rétablir une harmonie profonde entre le corps et l’esprit. Il nous enseigne à nous « autocajoler » et à nous unir, à « laisser être » les sensations et les émotions, cultivant la distanciation et l’équanimité, pour percevoir et habiter pleinement la joie au quotidien.

Je vous invite à écouter le témoignage de cette coloriste, Nadia Petkovic, teinturière coloriste à Aubusson (23) – « J’ai besoin de ressentir, de comprendre la couleur. »

Les Chants d’Oiseaux

Une mélodie pour un esprit heureux

Photo de Leiliane Dutra @pexels.com

Dans le tumulte de nos vies modernes, où le bruit constant des villes et les notifications incessantes sollicitent notre attention, une symphonie discrète mais puissante se joue chaque jour : le chant des oiseaux. Loin d’être un simple fond sonore, ces mélodies naturelles pourraient bien être une clé insoupçonnée de notre bien-être et de notre bonheur. De plus en plus d’études scientifiques et d’observations anecdotiques suggèrent un lien profond entre l’écoute des oiseaux et une amélioration significative de notre état émotionnel.

Imaginez-vous un matin ensoleillé ici, à Bazouges-la-Pérouse. Au lieu du réveil strident de votre téléphone, vous êtes doucement tiré du sommeil par le trille joyeux d’un rouge-gorge ou le gazouillis mélodieux d’une mésange bleue. Cette immersion sonore naturelle a un impact bien différent sur notre psyché. Contrairement aux bruits artificiels qui peuvent générer stress et anxiété, les chants d’oiseaux semblent activer des zones de notre cerveau associées à la relaxation et à la joie.

Plusieurs études ont exploré ce phénomène fascinant. Des recherches ont démontré que l’écoute des sons naturels, y compris les chants d’oiseaux, peut réduire les niveaux de cortisol, l’hormone du stress. Une étude menée par l’Université d’Exeter a même révélé que les personnes exposées à davantage de chants d’oiseaux étaient moins susceptibles de souffrir d’anxiété et de dépression. [1] Il semblerait que ces vocalises complexes et variées aient un effet apaisant sur notre système nerveux, nous aidant à nous sentir plus calmes et sereins.

Les chercheurs suggèrent plusieurs raisons à cet impact positif. D’un point de vue évolutif, les sons de la nature ont longtemps été associés à la sécurité et à la présence de ressources. Le chant des oiseaux pourrait inconsciemment signaler un environnement sain et paisible, déclenchant ainsi une réponse émotionnelle positive. De plus, la complexité et la beauté de ces mélodies peuvent captiver notre attention, nous distrayant des pensées négatives et nous ancrant dans le moment présent. Certains scientifiques pensent également que la structure acoustique des chants d’oiseaux, avec leurs variations de fréquence et de rythme, pourrait avoir un effet direct sur nos ondes cérébrales, favorisant un état de relaxation.

Au-delà des études scientifiques, l’expérience personnelle de nombreux amoureux de la nature témoigne de ce lien. Qui n’a jamais ressenti un sentiment de légèreté et de bien-être en se promenant dans un bois empli de chants d’oiseaux ici, en Bretagne ? Cette connexion sonore avec le monde naturel semble nourrir notre âme et nous rappeler notre place au sein d’un écosystème vibrant.

Alors, la prochaine fois que vous aurez l’occasion, prenez un instant pour fermer les yeux et écouter attentivement la symphonie des oiseaux autour de vous, que ce soit le pépiement d’un moineau dans votre jardin ou le concert matinal de la forêt. Laissez ces mélodies naturelles vous envelopper et vous apporter une dose de bonheur simple et authentique. Peut-être que la clé d’un esprit plus léger se trouve juste là, dans le chant mélodieux de nos amis à plumes.

Source : [1] Watts, S., Richardson, M., Sheffield, D., & Clatworthy, J. (2021). Urban blue space and health: A narrative review. Health & Place70, 102609. (Bien que cette source se concentre sur les espaces bleus, elle cite des études incluant les bénéfices des sons naturels, y compris les chants d’oiseaux, sur la santé mentale. Une étude spécifique sur les chants d’oiseaux et la santé mentale de l’Université d’Exeter est mentionnée dans de nombreux articles de vulgarisation scientifique.)
https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2021-04-15/les-chants-doiseaux-rendraient-les-gens-plus-heureux-et-cest-la-science-qui-le-dit-3306d89d-de5f-4b6c-bfcb-06ea12bd5787

Photo de Georg Wietschorke @pexels.com

Médecine fonctionnelle et yoga thérapeutique : une approche holistique de la santé

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La médecine fonctionnelle et le yoga thérapeutique sont deux approches de la santé qui gagnent en popularité. Elles ont beaucoup en commun, notamment l’accent mis sur la personne dans sa globalité et la recherche des causes profondes des problèmes de santé.

La médecine fonctionnelle est une approche de la santé qui se concentre sur la personne dans sa globalité, plutôt que sur les seuls symptômes. Elle cherche à identifier et à traiter les causes profondes des problèmes de santé, plutôt que de simplement masquer les symptômes avec des médicaments.
La médecine fonctionnelle s’appuie sur la science pour comprendre comment le corps fonctionne et comment les différents systèmes du corps sont interconnectés. Elle prend également en compte le mode de vie, l’alimentation, le niveau de stress et d’autres facteurs environnementaux qui peuvent affecter la santé.

Le yoga thérapeutique est l’application des techniques du yoga à des fins thérapeutiques. Il peut être utilisé pour traiter un large éventail de problèmes de santé, tant physiques que mentaux.
Le yoga thérapeutique peut inclure des postures de yoga, des exercices de respiration, de la méditation et d’autres techniques de relaxation. Il est adapté aux besoins individuels de chaque personne.

Les points communs
Les deux approches mettent l’accent sur la personne dans sa globalité et recherchent les causes profondes des problèmes de santé. Elles considèrent également que le corps a la capacité de se guérir lui-même.

Comment peuvent-ils être utilisés ensemble ?
La médecine fonctionnelle et le yoga thérapeutique peuvent être utilisés ensemble pour créer une approche holistique de la santé. La médecine fonctionnelle peut aider à identifier les causes profondes des problèmes de santé, tandis que le yoga thérapeutique peut aider à traiter ces problèmes de manière naturelle.
Par exemple, une personne souffrant de douleurs chroniques peut consulter un médecin pour identifier les causes de ses douleurs. Le médecin peut recommander des changements de mode de vie, tels que l’amélioration de l’alimentation et la réduction du stress. Il peut également recommander du yoga thérapeutique pour aider à soulager la douleur et à améliorer la qualité de vie.

Le yoga thérapeutique peut être utilisé pour traiter un large éventail de problèmes de santé, notamment :

  • Douleurs chroniques
  • Maladies auto-immunes
  • Problèmes digestifs
  • Troubles mentaux
  • Problèmes de sommeil
  • Fatigue
  • Stress…

Le Yoga Thérapeutique : Un Allié de la Médecine pour une Santé Optimale
En tant que yoga thérapeute, je travaille en complémentarité avec les professionnels de santé, je me positionne comme un allié en offrant un accompagnement individualisé et adapté aux besoins spécifiques de chaque personne.

Mon rôle est d’aider les patients à :

 * Identifier et comprendre les déséquilibres : Grâce à une écoute attentive et à une évaluation approfondie, j’aide les patients à comprendre les liens entre leurs symptômes, leur mode de vie et les déséquilibres physiologiques.

 * Mettre en place des pratiques de yoga adaptées : en utilisant les postures, les techniques de respiration et de relaxation pour répondre aux besoins spécifiques de chaque personne, en tenant compte de leurs limitations physiques, de leurs problèmes de santé et de leurs objectifs.

 * Développer une conscience corporelle : J’encourage les patients à développer une écoute fine de leur corps, à reconnaître les signaux de tension, de douleur ou de stress, et à y répondre de manière appropriée.

 * Intégrer le yoga dans leur quotidien : J’accompagne les patients dans l’intégration de pratiques de yoga simples et efficaces dans leur vie quotidienne, afin de maintenir les bénéfices à long terme.

Conclusion

Le yoga thérapeutique, par son approche holistique et individualisée, est un outil précieux pour compléter un suivi médical. Il permet d’agir sur les symptômes, mais aussi et surtout sur les causes profondes des déséquilibres, pour une santé optimale et durable.

N’hésitez pas à me contacter pour toute question ou information complémentaire.

La marche soulage le dos

Selon un article du Huffingtonpost, une marche quotidienne diminue les problèmes de dos…
C’est pour cela que Active Yoga vous propose des sorties Yoga Nature tous les jours de l’été, et ça c’est vraiment bon pour la santé !
Source : The Lancet